Écrit par Patrick Boëdec, le 2 mai 2022
Lors de discussions, dans les réunions, surtout lorsqu'elles sont animées, il est fréquent que les échanges s'orientent irrémédiablement vers le "OU", comme si les pistes envisagées devaient s'opposer entre-elles. C'est d'ailleurs sans compter les sempiternelles "Et SI…" "Et SI…" qui font tourner les gens en rond à la recherche de cas de figure improbables.
"C'est soit cela, soit cela" ; "Si nous n'investissons pas alors, nous ne pourrons pas…," "Et si le marché n'était pas là" et "Si nous étions trop en avance…"Et Si… Et Si…"
Chaque fois que les personnes campent sur leurs positions, elles se confortent dans le "OU", qui est clivant.
Comme chacun sait, la vie n'est ni blanche, ni noire, rien n'est tranché. Pourtant, il facile de tout mettre en opposition ; le "OU" sépare, éloigne encore plus les contraires alors que le "ET" les réunit, les réconcilie.
Le "ET"est subtil, il met en perspective les différentes sensibilités, enrichit la palette des options. Il favorise le foisonnement des idées, alors que le "OU" est réducteur, parfois caricatural jusqu'à la dérision, il contribue à réduire le champ des possibilités.
Le "OU" est séquentiel, alors que l'agilité, consiste à compresser le processus de décision et à paralléliser les activités. Bref à accélérer en simplifiant.
L'entrepreneur explore des solutions alternatives en modifiant le prisme d'analyse, en déplaçant le centre de gravité, en raisonnant "en dehors de la boite" en sortant des sentiers battus et en associant les scénarios avec pragmatisme
L'une des qualités de l'entrepreneur est d'adopter le "ET" plutôt que le "OU" qui réduit sa longueur de vue.
Tout comme le fil à plomb qui recentre ce qui est épars, penser marginal aide à faire converger des opinions, qui au départ, pourraient paraître contradictoires vers une option qui unit, réconcilie. La fameuse troisième voie, c'est le "ET".
Si l'on en croit les récentes études réalisées par Mc Kinsey, KPMG ou des articles publiés dans Harvard Business Review, le taux de réussite des fusions se situerait entre 20% à 50% maximum.
Si l'on regarde bien, l'une des causes principales des échecs des intégrations Post-fusion est de ne savoir pas imposer le "ET", c'est soit l'un des systèmes soit l'autre, donc le "OU". Cela revient donc, à opposer deux organisations plutôt que de les agréger dans ce qu'elles ont de mieux. Vous pourrez retrouver une tribune sur Les 10 règles d'Or pour réussir une intégration post-fusion, sur mon site.
De même, éloignez-vous des "Si" qui sont sans doute l'interjection qui fait perdre le plus de temps et d'énergie aux gens en entreprise qui peut souvent se transformer en jeux psychologiques et en résistance.
J'ai également trop souvent vu des personnes se demander si elles seraient capables de faire telle ou telle chose, être à la hauteur d'un nouveau poste, de nouvelles responsabilités…
Je leur dis toujours, qu'il n'y a pas de réponses à ces questions métaphysiques, tant qu'elles ne l'auront pas fait.
Dans la vraie vie, chaque jour apporte son lot de décisions qu'il faut prendre avec bon sens. Progressivement, les unes après les autres, la situation, le projet avance. Il n'y a aucune difficulté dans le management, aucun problème ne reste sans solutions dès lors où l'on sait raisonner, c'est-à-dire, séparer les symptômes des causes profondes, se concentrer sur ce qui impacte et s'éloigner du spécifique, identifier les liens de causalité.
Il y a une vertu à l'action et surtout au retour d'expérience à en retirer. Et c'est, sans aucun doute, bien plus important que les questions existentielles, quelque fois stériles, qui retardent l'exécution. On apprend généralement plus dans l'action que dans la réflexion.
Et… il est tout à fait possible d'aller vite et de faire les choses intelligemment… Là encore nous sommes dans le "ET" et non pas dans le "OU", "Et… Si"… cela devait arriver, alors, il serait toujours, bien assez temps, de décider…
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